Perit ut Vivat

Réforme de Lyon – Régime Écossais Rectifié

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L’authentique « connaissance » initiatique, donne entrée dans le « Sanctuaire de l’Esprit »

 

« Willermoz, s’appuyant sur saint Basile de Césarée (+379) et son De Spiritu, et la Lettre du pape Innocent I à Décentius sur le « don de l’Esprit », textes dont il conseillait la lecture aux Chevaliers Grands Profès, fut convaincu d’une chose qui lui sera propre.

Ce qui d’ailleurs nous montre en quoi, de par sa forme et son organisation culminant dans le dévoilement d’un enseignement doctrinal, le Régime rectifié est absolument autosuffisant et complet n’ayant besoin d’aucun complément extérieur.

Cette conviction porte sur le secret du vrai culte, transmis d’âge en âge, se dévoilant en pratique dans l’identité qui existe entre « vérité » et « révélation » de l’Esprit.

Ceci faisant que pour celui qui a été initié aux mystères de l’Ordre, la science divine n’est autre chose que la relation intime et intérieure avec Dieu.

Relation en forme de « révélation », qui est à la fois et dans le même acte, découverte de la « présence » intime de l’Être éternel et infini, ce en quoi consiste la « Chose », et pratique de la célébration du vrai culte « en esprit et en vérité » (Jean IV, 24), car à partir de l’expérience de l’Esprit, que l’homme est capable de vivre et ressentir dans son âme, telle qu’elle peut survenir dans le cheminement approfondi et éclairé par la foi, on arrive, par une grâce surnaturelle, à l’authentique « connaissance » qui donne entrée dans le « Sanctuaire ». Tel est le secret initiatique du Régime Écossais Rectifié. »

(Jean-Marc Vivenza, Martinès de Pasqually et Jean-Baptiste Willermoz, Le Mercure dauphinois, 2020, pp. 676-677).

« L’Esprit ne se communique qu’à ceux-là seuls qui en sont dignes, non pas suivant une mesure unique, mais distribuant son opération en proportion de la foi. »

Saint Basile de Césarée, De Spiritu.

La Croix, grand emblème universel

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« La Croix présente elle-même à l’intelligence, dans son ensemble et dans ses parties, un grand emblème universel, principalement dans la circonstance dont nous nous occupons. Par sa partie inférieure, qui est la plus prolongée, elle paraît fixée dans le centre de la Terre, de cette Terre souillée de tant d’abominations que toutes les eaux du déluge n’ont pu effacer, et que le sang d’une grande et pure victime peut seul purifier.

De là, elle s’élève dans une plus haute région où elle forme un grand réceptacle par ses quatre branches qui, s’étendant sans obstacle, paraissent aller toucher les quatre points cardinaux de l’espace universel et y porter les fruits de l’action unique qui s’opère au centre de ce réceptacle par l’homme-Dieu mourant sur ce centre, pour tout réparer.

Ce qui nous fait facilement concevoir les immenses et prodigieux résultats que l’action toute puissante du Verbe de Dieu uni à Jésus mourant sur la Croix a opéré sur la Nature entière visible et invisible, spirituelle et corporelle, qui en était le témoin et l’objet. »

(J.-B. Willermoz, Traité des deux natures divine et humaine réunies individuellement pour l’éternité en un seul et même être dans la personne de Jésus-Christ, Bibliothèque Municipale de Lyon, ms 5940 n° 5).

 

L’objet réel du culte consiste essentiellement à adorer Dieu en Esprit et en Vérité

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« Vous vous étonnerez peut-être et vos frères pourront s’étonner avec vous que dans un Ordre qui a plus besoin des qualités intérieures essentielles que de représentation extérieure, on mette tant d’importance à cette dernière, cela paraît contradictoire, et cependant ne l’est pas, prenons-en un exemple qui est sous nos yeux à tous les pas.

Voyez avec quel empressement, en toutes occasions et en tous lieux, on étale dans les solennités religieuses du Culte Catholique le plus grand luxe possible en illuminations, belles décorations, riches ornements, & qui sont totalement étrangers à l’objet réel de ce culte, qui consiste essentiellement, comme Jésus-Christ l’a déclaré à la Samaritaine, à adorer Dieu  »en Esprit et en Vérité ». Je sais que l’on donne à ce luxe des prétextes imposants et spécieux ; mais le véritable motif est que l’on veut parler aux yeux et frapper les sens de la multitude, pour la mieux disposer au respect qu’elle doit à l’Objet réel et Unique de ce Culte.

Quel est aussi le corps qui ne s’honore pas d’avoir pour Chefs des hommes respectables et respectés, dont la considération personnelle rejaillit sur tous les membres qui le composent. »

(Jean-Baptiste Willermoz, Lettre à Achard, 1er au 8 IX, 1807).

 

L’homme-Dieu Réparateur par le sacrifice de sa volonté reçut le témoignage de l’ange

Jésus dans le jardin

« Le second Adam en Jésus-Christ, comme homme pur qui n’a aucunement participé à cette prévarication, ni aux vices de la conception des formes corporelles qui ont infecté toute sa postérité, a été doué non seulement des mêmes forces, vertus et puissances que le premier, mais elles ont été éminemment fortifiées en lui par l’union intime et éternelle que le Verbe divin a fait de sa propre nature avec celle de l’homme pour assurer le plein succès de sa mission réparatrice. (…) L’homme primitif, le premier Adam, avait prévariqué et consommé son crime par l’abus de ses trois facultés intellectuelles de Pensée, de Volonté et d’Action. Il avait outragé le Père, le Fils et le Saint-Esprit qui sont ensemble un seul Dieu. Il fallait donc que le second Adam, que l’homme-Dieu, répara ces mêmes outrages par les mêmes voies et dans les mêmes proportions.

C’est ce qui explique pourquoi l’homme-Dieu Réparateur fait trois prosternations différentes avec les mêmes angoisses, faisant la même prière et montrant toujours la même résignation, et c’est aussi pourquoi le sacrifice de sa volonté n’est accepté qu’après la troisième, et que ce n’est qu’alors qu’il en reçoit le témoignage par l’ange qui lui est envoyé pour le consoler et le fortifier. Aussitôt que l’homme-Dieu a consommé le sacrifice de sa volonté, il reprend le calme et la sérénité de l’homme pur, qui s’est parfaitement soumis à la volonté de Dieu. C’est avec ce calme de l’âme qu’il va retrouver ses disciples, qu’il les invite à se reposer, et qu’il va au-devant de ceux qui, conduits et amenés par le traître Judas, viennent le saisir.

C’est toujours l’homme pur et agissant librement et volontairement qui se montre dans le reste de sa Passion. Cependant ici, sa Divinité se manifeste un moment en faisant reculer et renverser par terre les satellites qui viennent le prendre, quand, après leur avoir demandé : « Qui cherchez-vous ? », il leur répond : « C’est moi ». La force divine de cette parole les remplit d’épouvante et les terrasse, mais il les rassure, parce qu’il veut souffrir et mourir. 

(…) La victime s’est dévouée sans réserve ; tout le reste de sa Passion n’est que la conséquence de son sacrifice. On le voit sur la Croix, comme au Jardin des Oliviers, toujours homme pur, fortifié jusqu’à la fin par son union avec le Verbe, mais toujours laissé à sa propre volonté, afin qu’il puisse mériter par elle jusqu’à la consommation du sacrifice, la glorification que cette consommation assure à sa sainte humanité. »

(J.-B. Willermoz, Traité des deux natures divine et humaine réunies individuellement pour l’éternité en un seul et même être dans la personne de Jésus-Christ, Bibliothèque Municipale de Lyon, ms 5940 n° 5).

 

L’ineffable mystère de l’Incarnation divine selon Jean-Baptiste Willermoz

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L’archange Gabriel est envoyé par Dieu dans la petite ville de Nazareth à la Vierge Marie, pour lui annoncer la glorieuse maternité par laquelle elle est destinée à coopérer au grand oeuvre de la Rédemption des hommes. L’apparition subite de l’ange qui lui est député trouble l’âme de cette Vierge si pure ; sa pudeur s’alarme de la maternité qui lui est annoncée, déclarant ne connaître aucun homme. Elle n’y donne son consentement qu’après être entièrement tranquillisée sur les moyens, l’ange lui déclarant que sa maternité serait l’ouvrage de Dieu même par l’opération du seul Saint-Esprit, et que sa virginité resterait intacte.

A l’instant même de son consentement, commence l’accomplissement du grand Mystère ; car à ce même instant le Verbe de Dieu, qui est Dieu lui-même, la seconde Personne et puissance de la sainte Trinité, pressé par son ardent amour pour ses créatures humaines s’unit indissolublement et pour toute l’éternité à l’âme humaine, pure et sainte de Jésus, qui, par amour pour ses frères, et pour les réconcilier avec Dieu en satisfaisant pour eux à la Justice divine, s’est dévouée aux ignominies, aux souffrances et à la mort.

Le Verbe tout-puissant de Dieu, l’image et la splendeur du Père éternel descend des cieux pour venir s’incorporiser avec l’âme humaine de Jésus dans le chaste sein de la bienheureuse Vierge Marie, pour ne plus être éternellement les deux ensemble qu’une seule et même Personne en deux natures distinctes.

C’est donc au moment de son consentement que l’homme-Dieu est formé corporellement dans le sein virginal de Marie, de sa pure substance, de ce vrai et pur limon quintessenciel de la terre vierge de sa mère. Il y est formé et composé, comme tous les autres hommes qui viennent pour un temps sur la Terre, d’une triple substance, c’est-à-dire d’un esprit pur, intelligent et immortel, d’une âme passive ou vie passagère, et d’un corps de matière, mais d’une matière pure et non souillée qui ne provient point, comme chez tous les autres hommes, de la concupiscence des sens, mais uniquement de l’opération du Saint-Esprit, sans le concours d’aucun homme, ni d’aucun agent physique de la matière.

C’est par ce prodige de l’amour infini de Dieu pour sa créature chérie et séduite, devenue par son crime pour toujours l’esclave et la victime du Démon, que s’est accompli l’ineffable et incompréhensible mystère de l’Incarnation divine pour la rédemption des hommes, par Jésus-Christ notre unique Seigneur et Maître, qui a bien voulu, pour en assurer l’effet, réunir en lui par une union indissoluble la nature humaine du prévaricateur et sa propre nature divine.

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(J.-B. Willermoz, Traité des deux natures divine et humaine réunies individuellement pour l’éternité en un seul et même être dans la personne de Jésus-Christ, Bibliothèque Municipale de Lyon, ms 5940 n° 5).